L’ancien corps de garde, Aire-sur-la-Lys
On l’appelle souvent « bailliage » pour avoir occasionnellement servi de tribunal du bailli.
Cet édifice édifice élégant, qui se dresse à l’angle de la Grand-Place et de la rue d’Arras, est en réalité l'ancien corps de garde d’Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais). De structure simple, il affiche un décor raffiné inspiré de la Renaissance et chargé de connotations guerrières.
Fin XVIe siècle : Aire est une place forte des Pays-Bas méridionaux, partie intégrante de l’empire de Philippe II d’Espagne. En 1597-1598, celui-ci accorde aux échevins d’Aire (sortes de conseillers municipaux) le droit de lever un impôt sur la bière et le vin, pour financer la construction d’un nouveau corps de garde.
Structure nordique et influences gothiques…
Le 22 novembre, c’est l’inauguration. Seul le gros œuvre est terminé. Pour le reste, il faut attendre 1604.
Un certain Pierre Framery est le maître d’œuvre en charge du chantier. Il se serait inspiré de la structure de l’hôtel de ville d’Amsterdam. Les murs du bâtiment sont en brique rouge avec un appareillage en quinconce typique des régions flamandes, qui alterne boutisses et panneresses (côtés courts et longs).
Les fenêtres sont encadrées de pierre blanche montée en harpe, caractéristique de l’architecture du nord.

Certains détails sont quant à eux de tradition gothique : les arcs des fenêtres du rez-de-chaussée, les tympans historiés, les voûtes en croisée d’ogives de la galerie.
… mâtinées d’influences Renaissance
D’autres détails, en revanche, traduisent l’influence de l’architecture Renaissance. La — relative — symétrie de l’ensemble, d’abord. Ensuite, cette fameuse galerie à fines colonnes en pierre bleue grise d’Écaussinnes (Hainaut) rappelle les réalisations d’un architecte florentin novateur : Filippo Brunelleschi.

Parmi les éléments décoratifs inspirés de la Renaissance, citons également la frise qui court le long des trois faces de l’édifice et les bas-reliefs allégoriques entrecoupés de cariatides au sommet. Ici, c’est plutôt l’influence française de Jean Goujon et Pierre Lescot qui se fait ressentir.
Iconographie guerrière sur les décors extérieurs
Les « vrais » ouvrages défensifs d’Aire sont les bastions qui entourent la ville.
Le corps de garde a une fonction plus symbolique. C’est là que s’organisent les services de surveillance et de sécurité de la ville.
Les références militaires sont à chercher dans le décor extérieur :
La frise entre rez-de-chaussée et étage fourmille de représentations d’armes et de pièces d’équipement militaire, pour certaines d’apparat.
Les tympans historiés des fenêtres de l’étage figurent des scènes de combats. L’un d’entre eux représente Bellone, divinité romaine de la guerre.
Classé aux Monuments historiques en 1886, l’édifice abrite depuis 1970 l’office du tourisme d’Aire-sur-la-Lys. Des expositions temporaires sont régulièrement organisées dans la salle de l’étage.